[G. Willow Wilson / Adrian Alphona - Marvel Comics] Miss Marvel
"C'est comme avoir un nouveau sens. Ce n'est pas la vue, ni le goût, ni le toucher. C'est quelque chose de bien plus étrange. De presque inhumain. Mais être une autre n'est pas libérateur. C'est épuisant. J'ai toujours cru qu'avec une belle crinière, des cuissardes et le pouvoir de voler, je me sentirais forte, je serais heureuse. Mais j'ai les cheveux dans les yeux, les bottes serrent et le justaucorps me rentre dans les fesses."
Bon, il est temps
que je te parle un peu de comics. Je ne suis pas vraiment une
lectrice de BD à la base. Je ne me suis d'ailleurs intéressée aux
comics que très récemment. Il y a un peu plus d'un an, j'ai vu
« suicide squad », et, loin d'avoir été fascinée par
le film, j'avais plutôt aimé la bande annonce et surtout Harley
Quinn (à peu près le seul intérêt de ce film, bien que très mal
adaptée finalement), dont je te reparlerai.
Au final, j'ai
découvert l'univers immense des comics, peuplé d'héroïnes
féminines toutes aussi atypiques les unes que les autres. Et depuis,
je frétille d'impatience dès que je finis l'épisode d'une série,
dès que je sais qu'un nouveau numéro est sorti, dès que je passe
la porte de mon magasin de BD et que je vais direct tout au fond pour
scruter les nouveautés. Bref, il y a largement de la meuf badass à
tous les étages. Et pour autant, toutes les individualités sont
travaillées, elles ne se ressemblent pas le moins du monde les unes
et les autres. Une psychologie soignée, un chemin de vie parfois
énigmatique, parfois pas du tout, des ambitions multiples etc.. pas
de quoi s'ennuyer. J'ajouerais, avant de commencer, que l'univers
Marvel présente des personnalités beaucoup plus complexes que DC et
moins stéréotypées (du côté des femmes surtout parce que pour le
coup, je n'ai lu aucun comics centré sur un personnage masculin).
Mais j'aurai l'occasion de revenir là-dessus.
Aujourd'hui, je vais
te parler de la petite dernière dans ma bibliothèque, j'ai nommé
Miss Marvel.
Il y a eu de
nombreuses heroïnes historiques derrière ce pseudo (la dernière
étant Carol Danvers, grande copine de Jessica Jones et membre des
Avengers), celle dont je vais vous parler est Kamala Khan : une
ado de 16 ans, d'origine pakistanaise et musulmane. J'insiste
là-dessus parce que ça a son importance.
Kamala a un peu de
mal à trouver sa place. C'est une ado racisée en Amérique, qui
subit la loi des stéréotypes et aussi les aléas des l'adolescence
concernant l'identité, l'acceptation du corps etc. …
Sa vie familiale
semble plutôt ordinaire, pas de drames à l'horizon. Suite à
l'exposition d'une partie de la ville à un brouillard bizarre,
Kamala va se découvrir des pouvoirs magiques : la possibilité
pour son corps de se transformer : grandir, rapetisser de
manière homogène ou simplement par parties (immenses jambes pour
courir, grandes mains pour avoir beaucoup de forces…). Belle
métaphore du corps qui change de l'adolescence. On trouve quelques punchline d'une adolescente qui nous fait remarquer que les costumes de super héroïnes ne sont pas confortables et casse le mythe de la vengeresses super sexy.
Tout le premier
numéro est consacré à la découverte de ce nouveau corps, à son
acceptation et surtout sur la manière de le dompter pour en puiser
de la force (c'est tellement trop beau). Kamala va devoir trouver le
moyen de contrôler la manière dont son corps change car au début,
elle n'en a aucune maîtrise. Grande admiratrice de Carol Danvers,
elle commence par se changer en elle, de manière complètement
incontrôlée. On comprend vite que c'est l'image de la super-héroïne
à laquelle s'attendent les gens. Mais Kamala va chercher ensuite le
moyen d'être elle-même.
La question de la
religion, est plus ou moins abordée, j'attends de savoir comment
elle sera traitée par la suite. On sent la volonté de sortir des
stéréotypes, mais ça reste encore très léger, plutôt
consensuel. Au tout début, une lycéenne lambda demande à la copine
de Kamala si elle porte le voile parce qu'on l'a forcée à le faire,
elle répond que non, que son père voudrait qu'elle l'enlève.
Kamala ne porte pas le voile mais la religiosité est présente. Elle
se réfère au Coran. On la voit à la mosquée, même si elle semble
rester assez indépendante dans sa foi et sa manière de la
pratiquer.
L'éditrice de
Marvel, Sana Amanat dit s'être inspirée de sa propre enfance en
tant qu'américaine de religion musulmane. Je ne sais pas si ça sera
forcément un gage de réussite, mais un récit imaginé par une
personne concernée, c'est toujours bien plus intéressant. Le
personnage a ensuite été développée par la scénariste G. Willow
Wilson à partir de 2013.
Un premier épisode
donc très réussi, il n'y a plus qu'à attendre la suite, en
espérant que ce récit ne soit pas qu'un moyen commercial pour
drainer un lectorat plus important, et que Marvel permettra un peu de
politiquement incorrect. Faut dire qu'avec un personnage secondaire, on prend assez peu de risques finalement. Si trop de polémiques ou pas assez de succès, on peut nexter facilement. En espérant donc que ce ne sera pas le cas.
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